Sunday, January 24, 2010

MEMRI : désinformation à l'israélienne


" L’institut est souvent attaqué sur la qualité – parfois même l’honnêteté – de ses traductions. Ainsi, après les attentats de Londres du 7 juillet 2005, il a traduit des extraits de l’émission « Plus d’une opinion » d’Al-Jazira à laquelle participait M. Hani Al-Sebai, un islamiste vivant en Grande-Bretagne. Ce dernier a déclaré, à propos des victimes : « Il n’existe pas de terme dans la jurisprudence islamique pour désigner les “civils”. Le Dr Karmi [un autre invité] est avec nous et il a l’habitude de la jurisprudence islamique. Il existe les catégories de “combattant” et “non-combattant”. L’islam est contre le meurtre d’innocents. Selon l’islam, un innocent ne peut être tué. » Traduction du Memri : « Le terme de “civil” n’existe pas dans la loi religieuse musulmane. Le Dr Karmi est avec nous et je suis là et je connais la loi religieuse. Il n’existe pas de “civil” au sens occidental moderne du terme. Les gens appartiennent ou non au dar al-harb. »

On notera l’introduction de cette formule contestée de dar al-harb(littéralement : la maison de la guerre (9)), que l’intervenant n’avait pas utilisée. En pleine bataille antiterroriste en Grande-Bretagne, cet ajout induit l’idée que, dans la « maison de la guerre », tout serait permis. Au passage, le Memri a supprimé de sa traduction la condamnation par M. Al-Sebai de tout assassinat d’innocents...

Le professeur Halim Barakat, de l’université Georgetown (New York), aux Etats-Unis, a fait, lui aussi, les frais de ces méthodes. L’article qu’il a écrit dans le quotidien londonien Al-Hayat sous le titre « Ce monstre créé par le sionisme : l’autodestruction » a été reproduit par le Memri, explique son signataire, sous « un titre incitant à la haine : “Jews Have Lost Their Humanity” [Les juifs ont perdu leur humanité]. Ce que je n’ai pas dit... Chaque fois que j’écrivais “sionisme”, le Memri remplaçait par “juif” ou “judaïsme”. Ils [le Memri] veulent donner l’impression que je ne suis pas en train de critiquer la politique israélienne et que ce que je dis, c’est de l’antisémitisme ». A peine cette traduction mise en ligne sur le site du Memri, l’auteur a reçu « des lettres de menaces » dont « certaines disent que je n’ai pas le droit d’enseigner dans les universités » – il a enseigné plus de trente ans –,« que je n’ai pas le droit d’être professeur et que je dois quitter les Etats-Unis... (10) ».

En juin 2004, le Memri a déclenché une violente campagne contre la visite à Londres du cheikh Al-Qardaoui. Pour en avoir le cœur net, le maire, M. Ken Livingstone, a commandé une étude, au terme de laquelle il a conclu que cette offensive s’inscrivait, « à l’évidence, dans une vague d’islamophobie visant à empêcher un dialogue entre les opinions de musulmans progressistes et l’Occident ». L’étude demandée, précisait-il, a couvert « les 140 ouvrages que le Dr Al-Qardaoui a écrits. Et les résultats furent très choquants. Presque tous les mensonges qui déformaient les sermons du Dr Al-Qardaoui proviennent d’une organisation appelée Memri, qui prétend être un institut de recherche objectif ». Or, concluait M. Livingstone, « nous avons découvert que cet institut est dirigé par un ancien officier du renseignement israélien, le Mossad. Et il déforme systématiquement les faits, pas uniquement ce que dit le Dr Al-Qardaoui, mais ce que disent beaucoup d’autres savants musulmans. Dans la plupart des cas, la déformation est totale, c’est pourquoi j’ai publié ce dossier (11) ». "

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