Tuesday, January 26, 2010

L'affaire des couveuses dans la guerre du Golfe - Hill & Knowlton

"En 1990, les démocraties anglo-saxonnes découvrent un adversaire, un dictateur, qui commence à leur porter ombrage. Comme son illustre prédécesseur à la croix gammée, ce dictateur entend récupérer une ancienne province qui a été arrachée jadis à son pays par ces mêmes démocraties. Mais ce pays offre la particularité de regorger de pétrole. La province perdue s'appelle le Koweit et le dictateur qu'il va falloir abattre, Saddam Hussein. Pour que les choses soient plus claires, on l'appelle d'ailleurs Saddam-Hitler et on le charge bientôt de crimes identiques à ceux qu'on attribue à son prédécesseur. Pourquoi imaginer quelque chose de nouveau et changer une méthode dont l'efficacité a été prouvée ?
Des experts et des témoins directs font comprendre au monde horrifié, surtout aux États-Unis, qu'il faut déclencher une guerre «juste» contre cet affreux dictateur, car ce dictateur tue, lui aussi, des bébés. Il ne leur fracasse pas la tête contre les murs, mais il les arrache des couveuses dans les hôpitaux et les jette par terre.
Quelques mois ont passé et nous sommes maintenant en 1991. Le méchant dictateur a été vaincu. Le triomphe des démocraties est complet.
Mais déjà des voix s'élèvent ou des murmures s'entendent qui disent que ce triomphe a été acquis au prix de beaucoup de tueries et de destructions qui n'étaient peut-être pas indispensables. Certes, le traitement démocratique qui a été infligé à l'Irak n'a pas la même ampleur que celui qui fut appliqué à l'Allemagne de 1945 massacrée, torturée, violée de mille façons, mais cela suffit à soulever quelques timides protestations. Pis encore, ne voilà-t-il pas que de nouveaux «révisionnistes» prétendent que les horreurs attribuées à Saddam-Hitler — et en particulier l'histoire des bébés et des couveuses — seraient une pure invention."

"Pour "vendre au grand public" le renversement de Saddam Hussein, la CIA va tout d’abord s’approprier les services d’une agence de communication, le Rendon Group, l’officine des coups douteux de John Rendon, payée à prix d’or (un des employés touchera jusqu’à 22000 dollars par mois et la firme y gagnera 23 millions de dollars !), dont le rôle consistera à raconter des histoires fausses dans la presse. C’est un des fameux "storytellers". La plus belle en 1990 déjà, lors de la guerre du Golfe, avec l’histoire larmoyante de la pauvre Nayirah, 15 ans, qui témoignera avoir vu des bébés koweitiens jetés en bas de leur couveuses dans un hôpital, lors de l’invasion irakienne : un énorme bobard, élaboré par l’agence Hill & Knowlton, employée par l’association "Citizens for a Free Kuwait" dirigée en sous-main par la CIA. La pauvre petite Nayirah, cette "inconnue", qui avait tant fait pleurer dans les chaumières, était en réalité Nayirah al-Sabah, la fille de Saud bin Nasir Al-Sabah, l’ambassadeur du Kuwait aux USA !"

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