Par Charly WEGMAN
JERUSALEM 16 jan 2011 (AFP) - Israël s'inquiétait dimanche d'une montée de l'islamisme en Tunisie et d'un phénomène de tache d'huile au Proche-Orient après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali."La région où nous vivons est instable, chacun peut le constater aujourd'hui, et nous le voyons dans divers endroits du Proche-Orient élargi", a déclaré dimanche aux journalistes le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en allusion au soulèvement du peuple tunisien. "Il y a une leçon claire que nous devons tirer de tout cela, à savoir que nous devons coller aux principes de paix et de sécurité dans tout accord que nous serons amenés à conclure", a-t-il ajouté, avant la séance hebdomadaire de son cabinet. "Les gouvernements changent et nous ignorons ce qui se passera demain. Nous ne pouvons pas signer un accord de paix aveuglément, car nous ignorons si cet accord sera honoré", a-t-il encore averti. S'exprimant à la radio militaire, le ministre israélien du Développement régional Sylvan Shalom a pour sa part souligné qu'"il y a aujourd'hui une grande crainte que les mouvements islamistes qui jusqu'à maintenant étaient hors-la-loi ne reviennent" en force en Tunisie. Dans le monde arabe l'opinion publique et des groupes islamistes saluaient le soulèvement du peuple tunisien alors que certains gouvernements se disaient inquiets. Natif de Tunisie, M. Shalom a estimé que "les relations bilatérales israélo-tunisiennes ont été correctes pendant des années (...) Nous espérons que la Tunisie continuera d'être un pays modéré". Interrogé sous condition d'anonymat par l'AFP, un haut responsable israélien a de son, côté affirmé: "Nous suivons attentivement la situation, mais s'il y a des raisons d'être préoccupés du risque de débordement par des éléments islamistes on n'en voit aucun signe pour le moment". Une vingtaine de touristes israéliens qui se trouvaient ces derniers jours en Tunisie ont préventivement été évacués d'urgence, a-t-on appris au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem. Interrogé sur des manifestations de soutien à ce que les Tunisiens ont appelé "la révolution du Jasmin", survenues notamment dans les Territoires palestiniens, en Jordanie et au Caire, ce haut fonctionnaire a estimé que "les évènements en Tunisie encouragent ceux qui espèrent chasser des dictateurs ou renverser les régimes autoritaires". Il a toutefois souligné que "les situations, les enjeux et les traditions diffèrent d'un pays à l'autre" en allusion notamment à l'Egypte ou la Jordanie, seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël, respectivement en 1979 et 1994. Israël et la Tunisie avaient échangé en 1994 des "bureaux d'intérêts", dont l'activité avait été gelée à l'initiative de Tunis en 2000 pour protester contre la répression de l'Intifada palestinienne. Des groupes de pèlerins et touristes israéliens sont cependant autorisés à effectuer des visites en Tunisie, notamment à la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique, située sur l'île de Djerba (500 km au sud de Tunis). Selon Claude Sitbon, historien de la communauté juive tunisienne, "pas moins de 8.000 Israéliens se rendent chaque année en Tunisie, et il y a souvent des officiels parmi eux". Il a indiqué que la communauté juive tunisienne compte actuellement "quelques 1.700 personnes, un millier à Djerba et le reste dans le secteur de la capitale, pour la plupart très âgés". Selon lui, cette communauté a dans l'ensemble été protégée par le régime du président déchu qui a même nommé un sénateur juif, Roger Bismuth. En Israël vivent quelque 55.000 juifs originaires de Tunisie, un nombre équivalent se trouve en France.
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